Caisson NEMO

L'heure des sous-marins nucléaires et de leurs missiles balistiques est arrivée.
Après de nombreux essais de missiles (pas moins de 400) au 1/9 dans un bassin vertical de la Société grenobloise d'applications hydrauliques (SOGREAH) il est temps de passer à des essais en grandeur nature (échelle 1).
Le caisson NEMO est un caisson sous-marin pour tester le lancement de missile (M.S.B.S). Pour cela il possède un tube lance-missiles, un dispositif capable de chasser des missiles en immersion, entouré de ballasts pour le lestage.
Il n'y a aucun personnel à son bord.
Il doit être remorqué sur le lieu du lancement par une gabare comme le « » ou par des .
Les procédures d'essais de lancement se font à partir d'un chaland relais.
Son étude a commencé en 1961 aux Forges et Chantier de la Méditerranée (F.C.M.) [1] à la Seyne-sur-Mer où par la suite il a été construit.
En 1964 il est mis en service à la pyrotechnie de Toulon et est affecté au Centre d'Essais de la Méditerranée (C.E.M.).
La zone de tir où le caisson est immergé est située dans l'anse de Liserot (Île du Levant) ou au large du Canier (Saint-Mandrier) ou au large du Brusc.
Les tirs effectués de Liserot sont dirigés vers le Sud-Est, vers Ajaccio.
Le choix de la Méditerranée pour effectuer ces essais est dû au fait des conditions plus faciles qu'en Atlantique, mais cela réduit la portée maximale des missiles à 200 kilomètres.

Pour ces tirs de missile, il faut que la maquette puisse sortir à 100km/h après un parcours de 10 mètres. Il faut aussi régler la fermeture de la porte du T.L.M. pour éviter que le sous-marin ne soit pas trop alourdi
Le 04 Juin 1964 a lieu le premier tir d'une maquette inerte M1 de 18 tonnes.
Les essais suivants sont faits avec des maquettes inertes. Mais les conditions météo les retardent assez souvent.
De la mi-1966 à début 1968, cinq missiles sont tirés du caisson NEMO : trois M112 (entre le 12 Juillet 1966 et le 01 Mars 1967) et deux M011 (un le 05 Décembre 1967 et l'autre le 16 Janvier 1968) [2]
Fin 1966 le "Gymnote" est mis en service et va renforcer de façon importante les essais sur les missiles.
Lors d'un des tirs d'un M112, le propulseur a un problème et ne s'allume pas, le missile tombe tout près du caisson et se casse en trois, les autres tirs sont réussis.

Tir d'un missile du caisson NEMO
[1] Devenu en 1982 Constructions Industrielles de la Méditerranée (C.N.I.M.).
[2] Le M112 et le M011 sont tous les deux mono-étage piloté expérimental.
Des essais de chasse à l'air sont également effectués.
De 1972 à 1974, des essais de lancement M20 sont effectués.
Cliché du caisson NEMO près de l'atelier SEREB (Société d'Étude et de Réalisation d'Engins Balistiques). ().
En 1974 le caisson NEMO est en refonte pour pouvoir accueillir les missiles M4.
À partir de 1974 des essais de M4 et de M45 sont effectués.
Le 29 Septembre 1978 à 17h00, deux personnes trouvent la mort et trois sont gravement intoxiquées au cours d'une vérification du caisson NEMO après des exercices de tir. Alors que ces personnes de D.C.A.N. pénètrent dans le caisson, des émanations de gaz vraisemblablement provenant de chasse à poudre, les intoxiquent.
Les victimes sont transportées à l'H.I.A. Sainte-Anne.
VICTIMES
I.E.T.A. |
ARNEODO Jean-Jacques |
Plongeur |
TIRELLI Christian |
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Jusqu'à 1986 les essais de M4 et M45 continuent.
Au fil des années le caisson ne présente plus d'utilité.
En 2015/2016 il est renfloué.
En 2017 il est décidé de le démanteler. Pour cela il quitte la pyrotechnie de Toulon début Avril pour rejoindre le port du Brégaillon à la Seyne-sur-Mer.
Le 18 Avril la déconstruction commence et se termine fin Septembre.
Pour ces 12 clichés © ATSM (Alpha Travaux Sous-Marins).
Pour les essais du M51 c'est le caisson CETACE (Caisson d'Essais de Tir pour l'Analyse et la Conception de l'Ejection) qui prend la relève. Ce caisson est fabriqué par DCN Cherbourg, mais utilisé à Toulon.
FIN